• Etrange évolution de la politique générale crisique (de toutes les crises constituant la GrandeCrise) vers une issue eschatologique. • Étrange, vraiment ? • En fait, cette évolution correspond fort bien à la tendance générale et à l'absence d'issue rationnelle. • La perspective eschatologique est quelque chose de complètement naturel et même de logique dans les circonstances que nous traversons tous, quelle que soit l'orientation que nous choisissons. • Il s'agit d'un choix qui nous vient de Plus-Haut, choix comme divin.
Devant l'évident constat d'une situation dans une impasse qu'il nous faut qualifier d'eschatologique, il devient nécessaire de raisonner en, des termes du même ordre pour faire progresser ce que nous constatons de l'évolution de la situation, – c'est-à-rire sa non-évolution, ou son évolution par entropie vers l'effondrement.
Nous allons illustrer cette introduction par des références que nous jugeons parmi les meilleures qui soient selon nos critères d'information dans le cadre de ce que jugeons être les apports positifs du système de la communication qui charrie le meilleur et le pire (effet Janus). Nous avons été très sélectifs pour ces références à partir de deux sources éprouvées, mais en observant que leurs réflexions se retrouvent dans une part essentielle des commentateurs de la presse alternative. Ces deux sources sont :
• ‘TheDurant', avec le duo Mercouris-Christoforou ;
• Alastair Crooke, notamment dans son remarquable intervoew (version française) sur la chaîne ‘Glenn Diesen français' du 30 août 2025 .
Les bons conseils de Himmler
A partir de ces références, on peut mettre en évidence l'évolution probable sinon assurée des dirigeants américanistes-occidentalistes dans les mois et même semaines qui viennent. Surtout, on peut tenter de déterminer l'état d'esprit nouveau, déjà prévisibles mais désormlais devenus de plus en plus évidents de ces directions. Le journal israélien (de gauche) définit cet état d'esprit par un mot (sans entrer dans les analyses psychologiques de cet état d'esprit) : "barbarie"
Un exemple pour situer le propos, donné par Crooke le 26 août sur son site ‘Conflicts Forum' :
« "Une guerre d'extermination" — "Quand le chef de la direction libérale du renseignement militaire tient de tels propos, le débat sur l'existence ou non d'un génocide à Gaza est clos".» "Je suis vraiment désolé de vous le dire, mais les enfants qui meurent à Gaza ne me dérangent absolument pas".
» "Être sioniste aujourd'hui, c'est être Ben-Gvir. Être non-sioniste, c'est être antisémite."
» Yigal Sarna (fondateur de La Paix Maintenant) republie Heinrich Himmler : "Nous en finirons avec eux dans 5 à 6 semaines… Varsovie sera rayée de la carte et servira d'exemple dissuasif pour toute l'Europe".
» Ancien médiateur de Tsahal : l'armée israélienne est en train de se désagréger.
» Netanyahou n'a pas l'intention de mettre fin à la guerre. Israël est coincé dans une boucle temporelle sans fin.
» L'opinion publique est-elle prête à se battre pour l'existence d'élections équitables ? »
C'est le cas israélien. Il n'est nullement assuré, en aucune façon, que nombre de pays du bloc-BAO ne sont pas sur la voie d'adopter de telles positions, – vis-à-vis des Palestiniens, mais aussi d'autres populations, la russe en tête. Il s'agit donc d'une tendance générale dans les pays américanistes-occidentalistes. La cause de cette évolution est à la fois psychologique, – pathologie exacerbée et hystérique, – avec comme cause fondamentale le refus de plus en plus catégorique de l'effondrement de l'hégémonisme-suprémacisme, avec un mépris total de la réalité des vérité-de-situation concernant les forces permettant ces entreprises d'extermination de ceux (par milliards) qui refusent cette voie. Cela aussi, le déni, fondé sur un simulacre total, est un fait qui pèse d'un poids colossal, – et le résultat dans les événements est évident et peut sans aucun doute susciter exactement l'inverse de ce qu'on attend. (Par exemple, les forces russes et leurs matériels, dans leurs actions en Ukraine, considérées comme épuisées et nulles : quelle stupidité cosmique du déni ! Nous me payerons cher.)
En attendant, nous faisons ceci :
« Crooke rapporte que le quotidien israélien de gauche ‘Haaretz' définissait dans un article récente la nouvelle "politique étrangère" d'Israël. Un seul mot : "barbarie", cela suffit. »
Israël-Iran : mise en bouche
On fixe d'abord la situation d'une façon factuelle par rapport à une analyse, celle d'Alexander Mercouris. Ce commentateur parle in fine de l'état d'esprit dont nous parlons nous-mêmes, mais comme il intervient chaque jour il est bien entendu conduit à s'occuper surtout des événements quotidiens plus que des analyses en profondeur.
Voici donc un exemple du jugement qu'il donne ( le 29 août) à partir de la guerre qu'il prévoit entre Israël et sans doute les USA d'une part, et l'Iran. Mercouris développe cette idée après avoir donné une analyse générale du comportement et des conceptions des différentes directions impliquées. Quoi qu'il en soit, on perçoit aisément l'inquiétude qu'il a que nous entrions dans une phase absolument catastrophique, bien plus que ce que nous avons connu jusqu'ici.
« Nous devons nous préparer à un nouveau conflit entre Israël, probablement les États-Unis, et l'Iran au plus tard cet automne. Je vais aussi dire que je pense que cette fois, l'attaque sera plus forte. Je pense que les Iraniens seront mieux préparés à l'attaque lorsqu'elle aura lieu. Je ne crois pas que ce conflit durera seulement 12 jours.» Je pense que ce sera un conflit plus long, plus difficile à terminer. Je pense que les parties de chaque côté seront plus déterminées à le mener à terme et que nous devrons attendre de voir comment cela se déroule et comment cela se termine. Quoi qu'il en soit, c'est mon point de vue sur la situation. Maintenant, permettez-moi de revenir à l'autre sujet de cette émission, celui qui va prendre le plus de temps [l'Ukraine]. Je dirais toutefois rapidement que si nous assistons à une reprise des combats entre Israël et l'Iran à l'automne et si les États-Unis s'impliquent, la crise sera extrême dans le système international, avec des conséquences potentiellement majeures sur l'économie mondiale. Et franchement, ce sera une crise plus grave, encore bien plus grave que celle que nous observons actuellement en Ukraine. »
Les anges déchus veillent sur eux
Nous nous sommes plus attachés à l'intervention d'Alastair Crooke sur ‘Glenn Diesen français' ( 30 août 2025 ) parce que l'ancien diplomate et officier du MI6 devenu un dissident d'une envergure exceptionnelle dans le monde de l'information alternative prend surtout une approche conceptuelle de ce fameux "état d'esprit", ou même "état de l'esprit" comme s'il y avait une sorte d'esprit différent de celui qui préside à la raison et à la logique. Douguine dirait qu'il y a là intervention de qui-l'on-sait auprès de certains individus et certains groupes humains :
« Il existe des esprits [des anges] qui se sont soulevés contre Dieu – des esprits déchus – ce sont des démons (ou besy dans la tradition russe). »
Alastair Crooke examine l'évolution de l'état de l'esprit d'abord chez les Israéliens bien sûr. Mais il montre également comment cet état de l'esprit touche de plus en plus les américanistes, et notamment Trump qui, oubliant ses promesses ou bien ne faisant pas de rapport avec elles, se montre "grisé" par le caractère expéditif de la politique israélienne, – comme si ‘The Art of the Deal' était tout entier résume par l'anéantissement du partenaire du marché à faire.
« Donc je veux dire, vous savez, c'est pour ça et je ne sais pas quelle emprise Israël a sur Trump, mais il est clair que Trump semble d'une certaine manière grisé par l'idée de pouvoir apporter une solution à Gaza autre que vous savez sa fameuse solution de type Las Vegas avec les gratte-ciel et les casinos de Gaza. Donc la tension monte au Moyen-Orient, c'est très très évident. La politique devient très fragile. Où que vous regardiez, comme vous le savez. »
Par conséquent, il y a une acceptation de plus en plus affirmée des actions les plus sauvages du gouvernement israélien, et notamment la technique de la "frappe de décapitation" qui consiste à éliminer, – à assassiner, – d'un seul coup des groupes entiers de la direction des pays visées par des attaques ciblées. Ce n'est pas un "changement de régime", comme dans les révolutions de couleur, mais un "anéantissement de régime" absolument délibéré et fait si l'on veut à ciel ouvert, proclamé, affirmé et magnifié aux yeux et oreilles de tous.
« Il y a maintenant une frappe de décapitation au Yémen. Les Israéliens, juste la nuit dernière et la nuit précédente, ont essayé de détruire la direction au Yémen. Encore une fois, si je dis ce que vous écoutez ce qui vient comme commentaire de Washington, bien sûr ou de l'Europe, – eh bien, rien du tout. Je veux dire, vous savez, c'est maintenant devenu normal. Oui, c'est accepté. Les outils sont au-dessous de nous et les détruire, c'est acceptable.» Je veux dire, nous sommes dans une situation où parce que cela s'est fait progressivement, je ne pense pas que les gens réalise à quel point nous avons changé dans notre politique, même en remontant à quelques années... »
Pour développer cette idée d'une nouvelle conceptualisation de la politique aux USA, Crooke s'attache au cas américaniste évidemment en mettant en évidence combien le simulacre qui a présidé à la description officielle, via presseSystème superbement pliée, de la guerre d'Ukraine, loin de s'effacer devant les réalités de la guerre, ne fait que se renforcer sous la pression puissante de cette conception de la "barbarie", – ici avec l'accent mis sur la finance, sacro-saint domaine pour les USA trumpistes, devenue l'équivalent d'une attaque-surprise par des ICBM malins comme des requins de Wall Street.
« C'est ainsi que je décrirai la politique étrangère actuelle et elle s'exerce principalement par des pressions financières en ciblant certains domaines de la vie puis en s'assurant que la dépendance s'installe. Par conséquent, dans la conception US actuelle, la Russie n'est pas un phare d'opposition aux États-Unis. Elle n'affiche pas sa souveraineté. Elle accepte la dépendance. Elle accepte l'autorisation des États-Unis. Et donc je pense que cet élément, ce sont les structures les plus profondes de l'État profond, l'idée que la Russie ne doit pas être autorisée à subsister en tant que telle.» Et quand j'ai dit, quand j'ai parlé, vous savez, du changement dans la pensée israélienne, je laisse entendre la façon dont d'une certaine manière cela s'est diffusé, dans certains milieux de la pensée et de la direction américaines... »
La ‘start-up'-eschatologie de Macron
Enfin, pour terminer le tour de l'analyse d'Alastair Crooke, alors qu'il n'a été question que des gouvernements israélien et américaniste, on passe aux directions de gouvernements européens-UE dont le commentateur estime qu'elles sont touchées par le même virus. (Le langage eschatologique est tout à fait acceptable, sinon nécessaire.)
Ici, il cite surtout Macron, ce qui est bien venu pour marquer l'extraordinaire distance établi par notre jeune président entre ses ambitions de grand président eschatologique et sa situation interne où il parvient à monter contre lui l'essentiel de la population, un nombre grandissant de fonctionnaires, la plupart des courants politiques sérieux, éventuellement l'armée dans un malaise grandissant avec des refus d'obéissance à l'horizon, voire même le monde du show-business, voire même des gens de son entourage le plus proche et peut-être, demain, des infirmières de l'établissement psychiatrique où il consultera.
Mais trêve d'allusions peu amènes et voyons ce qu'en dit Crooke, dans un développement conséquent qu'il montre qu'il tient Macron pour un spécimen exceptionnel. Avec Macron, en effet, nous tenons le terme du propos de Crooke : l'eschatologie, avec le rôle du diable, des démons, tel qu'à nous expliquée par Douguine...
« Je ne sais pas si vous avez vu ça récemment avec Macron quand il parlait de Poutine. Il a dit que Poutine est extrêmement dangereux. La Russie est une menace. Il l'a exprimé ainsi : "La Russie doit manger. C'est un prédateur. C'est un prédateur à notre porte". Je veux dire, c'est un langage symbolique très fort. Vous savez la bête sur le seuil, il a dit c'est un prédateur. C'est un prédateur, un cannibale. Il a utilisé le mot cannibale. Poutine est le prédateur, le cannibale, assis sur notre seuil, menaçant l'Europe.» Je veux dire, nous savons à quoi il fait référence. Cela remonte à toute l'imagerie chrétienne de l'antéchrist. Vous savez, Poutine est l'antéchrist. Il est l'opposé de tout ce que nous valorisons et défendons. La Russie incarne tout ce qui est dangereux. Il commence par dire à quel point il est dangereux, à quel point il est menaçant ce prédateur, ce cannibale prêt à le dévorer. Vous pouvez voir les interviews à la télévision française. Mais un tel langage touche à certaines des images les plus profondes, même si nous sommes laïques, occidentalisés, à bien des égards.
» Et nous nous souvenons tous de ces images du passé représentant le diable, poussant les gens en enfer. Et de ces choses, vous savez, en vivant en Italie, il est impossible d'entrer dans une église sans voir ces images magnifiques, très vives, de l'opposition manichéenne noire aux valeurs européennes et à ce genre de choses. Donc, je veux dire, c'est de l'eschatologie. »
Trump est-il "grisé" par l'eschatologie ?
Dans ce triste tableau plein de sombres flammes et de terribles desseins, subsiste une interrogation que tout le monde peut aisément deviner : le rôle de Trump. Il, est difficile d'imaginer ce personnage si complètement télé-réalité à son aise avec des affaires d'eschatologie ; d'un autre côté, on sait que Trump est un personnage à multiples facettes, répondant à ses impulsions sans la moindre hésitation, impatient d'endosser toujours de nouveaux rôles...
Plutôt qu'en faire un neocon s'il s'aligne sur la politique extrémiste d'Israël, nous dirions qu'on assiste à un nouveau caprice politique de cet homme de spectacle. Il n'est pas impossible que Trump puisse être "grisé" par une perspective eschatologique, comme on adopte une nouvelle orientation d'une grande originalité et pouvant permettre de produire une intéressante série télévisée. Les massacres et diverses catastrophes qui pourraient résulter d'une telle politique ne sont pas des choses qui passionnent Trump, qui n'est intéressé que par l'effet immédiat, quasiment télévisuel.
Malgré cette terrible atmosphère eschatologique que décrit Crooke, Trump reste un personnage complètement insaisissable, une sorte de ludion acceptant d'être « le jouet des circonstances » (définition du ludion) du moment qu'il en obtient un effet qui vaut son pesant de $cacahuètes. Dans la tragédie terrible que nous vivons avec des aspects eschatologiques indéniables, le concept de tragédie-bouffe subsiste et Trump en est bien évidemment l'élément bouffe le plus bouffe de tous. Il n'y a rien là de rassurant, mais la confirmation, une fois de plus, de l'exceptionnalité sans précédent de la période que nous vivons.
Mis en ligne le 31 août 2025 à 16H55